Mobilier

DE LA PORTE ROMANE EN BOIS SCULPTÉ

La porte d'origine de l'église du XIIème a été déposée en 1893 contre le mur du bas-côté méridional.

Cette porte appartient à petit groupe de portes romanes en bois sculpté, de facture identique, qu'on ne trouve qu'en Haute-Loire. Ces portes, d'une excessive rareté, sont de véritables trésors de l'art roman. Elles témoignent d'une technique médiévale remarquable, pratiquée en Espagne mozarabe et dans l'Egypte fatimide, très faiblement représentée de nos jours : la taille d'épargne. Elle consiste à enlever le champ autour d'un motif que, ce faisant, l'on réserve ou " épargne ". L'historien d'art Emile Mâle déclarait ne connaître, dans la sculpture, " rien de plus étrange " que ce relief méplat, de faible épaisseur et composé uniquement de deux plans. Selon l'historien d'art égyptien Ahmad Fikry il n'existerait aucun autre exemple roman pouvant être rapproché de l'art de ces cinq portes.

La composition des vantaux s'organise à partir d'une croix qu'accompagnent divers motifs, géométriques ou fantastiques, et au-dessous de laquelle s'échelonnent plusieurs bandes horizontales où figurent des cavaliers. Ces bandes s'interrompent vers le bas, laissant apparaître les planches verticales sous-jacentes, elles-mêmes décorées, formant l'armature des vantaux. Une bordure décorative formée d'entrelacs feuillagés encadre la porte.

Notre porte, en cœur de sapin, conserve encore dans ses coins supérieurs, longtemps protégés par le cintre de pierre de l'entrée, des traces assez vives de sa polychromie d'origine : vermillon, bleu, rose, blanc, noir, ...


DU BENITIER

Non loin de là, le célèbre " bénitier " de la fin du XIIème, œuvre de tout premier ordre. L'archéologue Noël Thiollier écrivit à son sujet qu'il " était un rare exemple de la statuaire en Velay, de toute beauté, un morceau remarquable ". L'historien d'art Marcel Durliat y voyait l'expression d'un parfait équilibre entre les influences d'un art roman déclinant et celles d'un art gothique naissant. Il est taillé dans un bloc de pierre de 1,35 m sur 0,44 m de côté. Aux angles, quatre personnages se dressent sous une suite d'arcs, au décor architecturé, dépourvus de colonnes et supportant une cuvette en quatre-feuilles. Il s'agirait des prophètes Jean-Baptiste et Isaïe (ou Jérémie) et des rois David et Salomon (la tête de ce dernier a été refaite au XIXème siècle). D'après l'abbé Pontvianne, ce socle aurait pu servir à l'origine de support au cierge pascal : on voit, en effet, au fond de la vasque une tige de fer brisée. Il est aussi possible qu'il ait servi de support à une croix.


DU TOMBEAU EN PIERRE POLYCHROME

Enfin l'on voit, appliqués contre le mur de la première travée du bas-côté nord, les vestiges d'un tombeau en pierre polychrome dit Tombeau de l'évêque [du Puy] Etienne de Chalencon, datant de la première moitié du XIIIème.
Marcel Durliat le décrivait ainsi : " En bas sont trois arcades trilobées […] soulignées par un galon perlé. […] Le couronnement, de forme rectangulaire, encadre les funérailles du défunt. Il s'agit d'un évêque mitré, dont les mains sont croisées sur sa poitrine.
Deux clercs déposent son corps dans un sarcophage décoré d'une arcature ajourée, où alternent des ouvertures en plein cintre et des quadrilobes.
Les obsèques sont présidées par un abbé reconnaissable à sa crosse. Un acolyte tient le livre ouvert. Un des participants porte un cierge.
Au-dessus, on a placé un bas-relief représentant saint Pierre avec une clé et un volumen.
Sur un autre fragment isolé, l'âme du défunt [représentée sous la forme d'un enfant nu] est reçue par un saint abbé, peut-être saint Gilles ".
La chapelle Chalencon où il se trouvait et qui s'adossait au rempart ceinturant le prieuré fut détruite après la Révolution.

Allez maintenant à l'extérieur, côté jardin.